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Stéphane Granzotto, “Il faut que cela reste exceptionnel”

Stéphane Granzotto, portrait

Cinéaste professionnel, photographe, Stéphane Granzotto a réalisé plus d’une quarantaine de documentaires pour des chaînes de télévisions françaises et étrangères. Primés à de nombreuses reprises, ses films traitent le plus souvent de sujets en lien avec la nature. Récemment, il a réalisé avec François Sarano deux documentaires pour l’émission « Grandeur Nature » de France 2 ! « Méditerranée, royaume perdu des requins » et « Danse avec les dauphins ».

C’est aux cachalots que Stéphane Granzotto, photographe mais aussi plongeur, a consacré son dernier projet. Avec le temps et la persévérance, Stéphane, guidé par des amis spécialistes, a pu petit à petit s’immiscer au sein d’un clan d’une cinquantaine d’individus. Au cœur de l’Océan Indien, au large de l’île Maurice, il a eu l’incroyable privilège d’assister à des moments de la vie des grands cachalots jusqu’alors demeurés secrets.

Le 27 mai 2016, Stéphane Granzotto voyait son projet de livre « Cachalots » être financé en grande partie grâce à une campagne de crowdfunding sur Ulule. La particularité de cette campagne est d’avoir réussi à réunir le nombre conséquent de 305 contributeurs pour une collecte de 28 367 €, en partant  de l’ambitieux objectif de 25 000 €. Nous avons eu le plaisir de revenir sur cette campagne de financement participatif avec Stéphane Granzotto.

Interview téléphonique de Stéphane Granzotto, le mercredi 27 juillet 2016.


Netalinea : comment avez-vous choisi de partir sur un budget aussi important de 25 000 € ?

Stéphane Granzotto : c’était un choix mûrement réfléchi, avec toute une stratégie derrière. Je suis parti du devis pour faire le livre, plus de 30 000 €. Demander la somme entière me paraissait déraisonnable, j’ai choisi de partir sur cet objectif de 25 000. Mais je savais que ce ne serait pas simple, et j’ai beaucoup réfléchi sur la stratégie nécessaire pour arriver à collecter cette somme.
Ulule m’avait d’ailleurs déconseillé de partir sur une telle somme, pour eux c’était irréalisable. Je leur ai dit que j’entendais ce qu’ils me conseillaient, mais que moi j’avais ma stratégie, mon plan de bataille, et que dans tous les cas il me les fallait ces 25 000 € ! J’étais totalement motivé. De toute façon, je crois qu’il faut une part de folie dans un projet tel que celui-ci, surtout quand on part réellement de rien. C’est indispensable.
Je dis d’ailleurs cela sans aucune prétention, avec humilité même. Je connaissais également les risques, et les écueils qui n’allaient pas manquer de se présenter. Je me disais au moment de démarrer que si j’arrivais à récolter quelques milliers d’euro de pré-commandes auprès d’entreprises ou d’institutionnels, l’objectif de 25 K€ me paraîtrait moins vertigineux. Au final, j’ai réussi à les obtenir, mais une première vers la toute fin de la campagne, et l’autre après !

Netalinea : vous avez-donc surtout utilisé les réseaux sociaux ?

Stéphane Granzotto : oui, principalement Facebook. Et c’est magique ! Sans Facebook, je n’aurai pas réussi à financer ce livre. Je savais que pendant 45 jours je devais faire vivre la campagne, communiquer sur les réseaux sociaux, créer un petit évènement tous les deux ou trois jours. En fait, c’était comme un feuilleton, et cela est rapidement devenu très excitant.


En fait, c’était comme un feuilleton, et cela est rapidement devenu très excitant.


Netalinea : avez-vous dépassé votre premier cercle pour arriver à ce résultat ?

Stéphane Granzotto : oui, je dirais que la proportion est de 60/40. Il y a beaucoup de contributeurs que je ne connaissais pas avant. C’est d’ailleurs très rassurant sur le projet et mon propre travail, au moins je suis sûr que ce n’est pas uniquement pour me faire plaisir que les gens ont contribué.


 

Mediterranée. Globicéphal noir. © photo Stef Granzotto


Netalinea : pensez-vous que votre réputation a beaucoup joué dans la réussite du projet ?

Stéphane Granzotto : non. Déjà, je ne suis pas un photographe reconnu, ma réputation est quasi nulle dans ce domaine. Je suis surtout connu pour mes films documentaires, et encore : mes films sont plus connus que moi. La réputation est venue au fur et à mesure que la campagne suivait son cour, elle a même grandie grâce à ce projet.
Ce qui a compté essentiellement, c’est l’objet en lui-même, le projet, les photos, et le sujet des cachalots. Le reste vient largement après. Autre élément de réussite, en tout cas j’y ai porté beaucoup d’attention : la qualité de la présentation et de la mise en page sur Ulule.
Le pari était osé, mais il a fonctionné. Le prix par exemple était élevé, mais parfaitement réfléchi. Ce n’est pas évident de proposer un livre de photos sur les cachalots au prix de 65 €. C’est une somme pour un livre. Mais je suis fier d’avoir réussi ce pari.

Netalinea : paradoxalement, vous n’avez pas réalisé de vidéo de présentation du projet, alors que c’est votre métier ?

Stéphane Granzotto : je n’en ai pas éprouvé le besoin. Par contre, j’ai beaucoup utilisé la vidéo pendant la campagne, sur ma page Facebook. J’ai eu aussi des reportages locaux à la télévision, avec FR3 Régions, que j’ai également relayé sur Facebook.

Mon métier m’a peut-être permis d’être plus exposé qu’un autre dans les médias. En même temps, je n’ai forcé personne. Et si j’ai eu pas mal de présence médiatique, cela ne c’est pas non plus converti directement en souscriptions, bien au contraire. On a pas mal de traçabilité sur l’origine des souscriptions, et elles viennent toutes à la fois de mes expositions photo et de mes contacts, principalement sur Facebook. Les médias m’ont surtout permis d’alimenter la campagne, de la faire vivre.

J’ai eu par exemple une dernière page complète dans le Dauphiné Libéré, ce qui n’est pas rien ! La dernière page est la seule qui est commune à toutes les éditions du journal, cela offrait une visibilité assez exceptionnelle. J’étais persuadé d’avoir un nombre élevé de souscriptions grâce à cette publicité. Résultat : la semaine qui a suivie la parution du journal a été la plus creuse de toute la campagne. J’ai également eu une page sur le site web de Thalassa, ce qui n’est pas rien non plus. Cela m’a apporté 5 commandes.


Les souscripteurs ont plusieurs fois du mérite : une première fois en contribuant, puis une seconde en communiquant autour du projet. Il sont indispensables à la réussite de la campagne, à sa viralité.


L’outil le plus important pour faire vivre la campagne a été de loin le réseau social, principalement Facebook qui est vraiment un outil extraordinaire. Je n’y était pourtant présent que depuis un an et demi, mais j’avais compris l’importance de disposer d’un tel support de communication auprès du public. Communiquer avec les gens est primordial ! D’ailleurs, dans quasiment tous mes messages, j’ai utilisé tout à fait naturellement un “on” rassembleur.

Netalinea : quelle relation avez-vous eu avec les contributeurs ?

Stéphane Granzotto : c’était vraiment touchant. J’ai eu énormément de suivi tout au long de la campagne, la plupart des contributeurs ne se sont pas contentés de payer et d’attendre la livraison du livre. Les souscripteurs ont plusieurs fois du mérite : en contribuant une première fois, puis une seconde en communiquant autour du projet. Ils sont indispensables à la réussite de la campagne, à sa viralité. Beaucoup m’ont dit : « si tu n’arrives pas, on n’aura pas notre livre !»

Netalinea : considèrez-vous les souscripteurs, non pas comme des co-auteurs, mais comme partie intégrante du projet ?

Stéphane Granzotto : tout à fait ! D’ailleurs, deux pages leur sont consacrées dans le livre, et j’ai créé le site cachalots.fr en grande partie pour eux, pour continuer à dialoguer avec eux. Pour moi, tous les contributeurs sont des associés. Sans eux, il n’y aurait pas de livre.

Netalinea : comment allez-vous vendre le livre ?

Stéphane Granzotto : dans les festivals photo, dans quelques librairies qui en ont bien voulu, et également sur le site web cachalots.fr.


Cachalots, Stéphane Granzotto - Couverture


Netalinea : combien d’exemplaires allez-vous imprimer ?

Stéphane Granzotto : 1600 exemplaires, dont une centaine en édition limitée. Un peu plus de 260 livres ont été pré-vendus pendant la campagne Ulule, dont 47 en édition limitée. J’ai aussi signé pendant la campagne des partenariats avec une grande association et des entreprises privées. La réussite de la collecte m’a également permis d’aller plus loin que je pensais au préalable dans la réalisation du livre. Ainsi, grâce au dépassement apporté par les contributeurs sur Ulule, le livre sera en édition bilingue français/anglais.


Pour moi, tous les contributeurs sont des associés. Sans eux, il n’y aurait pas de livre.


Netalinea :  si vous aviez un conseil à donner pour réussir son financement participatif ?

Stéphane Granzotto : croire dans son projet, y mettre toute son énergie, tout en construisant son projet et la stratégie pour le réussir. Il est vrai que mon métier m’a forgé le caractère et des compétences utiles comme gérer des équipes, organiser des films, résoudre des problèmes, s’adapter à des situations toujours différentes.
J’ai eu aussi des moments de doute, et pas mal de déceptions. J’étais à certains moments persuadé que j’allais tout exploser, que toutes mes relations allaient se jeter sur les contreparties, et que les entreprises ne pourraient pas refuser les superbes offres que je leur faisais. C’était bien sûr faux, j’ai dû vite modérer mon enthousiasme.
Dans le même temps, c’est souvent-là où je ne l’attendais pas que j’ai eu les meilleures surprises. Par exemple, une de mes contreparties était à 250 € et plus – le livre plus un tirage d’art original au format A2. J’ai collecté avec cette contribution 4000 €, et beaucoup de ces contributeurs sont des gens que je ne connaissais pas.

Netalinea : un dernier mot ?

Stéphane Granzotto : la campagne Cachalots sur Ulule a été une expérience magique. Je n’envisage d’ailleurs pas d’en refaire une, j’attendrais avant tout d’avoir un projet qui en vaille la peine. Il faut que cela reste exceptionnel, je ne voudrais pas discréditer le système.

 


Cachalots, Stéphane Granzotto - coffret


Actualité : Stéphane Granzotto est en train de terminer la maquette du livre. La prochaine étape est donc celle de l’impression, à Graulhet chez Escourbiac, qui devrait avoir lieu au mois d’août.

Le livre “Cachalots” sera donc très vite disponible. En attendant, il est possible de le pré-commander sur le site qui lui est dédié.

 

La page “Cachalots” sur Ulule

Acheter le livre

Le site web Cachalots.fr

La page Facebook de Stéphane Granzotto

 



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